samedi 30 août 2014

LA GRANDE FRATERIE


Qui est avec Claude, Marie et Béatrice?
La famille Bourdeau était tricotée serrée.  Le passage de l'un ou de l'autre dans une ville était l'objet de retrouvailles.  Et elles étaient nombreuses et joyeuses!  Nous, les enfants, on les voyait toujours de bonne humeur! 
J'ai souvenir de l'oncle Raymond, un bout-en-train, toujours "sur une peanut". Berthe, la rassembleuse qui organisait de supers partys à Cornwall,  Jean-Louis, le sage, le prof qui aimait bien son Nord.  Je l'ai entendu dire: "Quand on goûte une fois à l'eau de swamp, on peut plus s'en passer!"  C'était toujours un plaisir d'aller voir Thérèse; elle avait un meuble d'inspiration chinoise, laqué avec des dessins d'oiseaux, qui m,a fasciné pendant longtemps. De plus, Linda et Peggy prenaient bien soin de nous!
L'oncle Paul-Émille... on le voit ici sur son 31, mais je l'ai vu plus souvent dans sa chemise de travailleur.  Il venait rejoindre ses frères et soeurs chez grand-maman après sa journée d'ouvrage.   Il émanait de lui une telle douceur, comme s'il était heureux de voler quelques moments de repos entre deux tâches. Mais je l'ai toujours soupçonné d'être un joueur de tour.  Il riait sous son beau regard bleu.   Il parlait moins fort que les autres, mais rigolait tout autant!  C'est chez lui qu'on allait couper un sapin de Noël.

Que dire de Tante Millie? 
J'ai passé tant de temps chez elle.  Le plaisir que nous avions Lucie et moi à découvrir les activités, les livres, qu'elle avait préparés juste pour nous! Je me rappelle, comme si c'était hier, d'un livre-disque d'une histoire de Walt Disney.  Ma tante nous installait le disque sur le "pick-up", et on tournait les pages quand la fée Clochette se faisait entendre.  On se trouvait tellement grande, même si on ne savait pas vraiment lire...Pédagogue jusqu'à la racine des cheveux, ce qui m'a encore plus marqué, c'est qu'elle était vieille ( au moins 35 ans!) et qu'elle prenait toujours des cours à l'Université!  Quelle inspiration!

Millie, comme Aline et Jeanne avaient cette façon de rire fantastique.  Un rire de gorge, comme une cascade.  Elles renversaient la tête en arrière.  Ciel que ces femmes avaient l'air de s'amuser!  Petite, je me disais que lorsque je serais grande, je voulais rire comme elles!
Je ne me rappelle pas de Lou, tante Lucille. Pourtant, à ma naissance, nous habitions dans sa maison.  On me dit qu'elle réussissait toujours à coeur le bonheur de ses proches, qu'elle développait des trésors d'imagination pour les rendre heureux.
Marie et Béatrice sont les petites abeilles de la famille, travailleuses sans répit même encore aujourd'hui.  Et Gérard, Gérard, c'est du bon pain... avec un grand verre de lait!

Viennent ensuite les quatres derniers. Mon père Claude, Roméo, Guy et Gaston.
Je crois, qu'ensemble, ils se sentaient invincibles!  Je me rappelle de leurs retrouvailles à la maison.  Ils riaient tellement fort ensemble, tout heureux d'être ensembles, que les verres s'entrechoquaient dans le vaisselier de la salle à diner!
Claude et Guy et Jean-Guy à Jean-Louis à l'arrière
Guy leur organisait des semaines de chasse à l'orignal dans le nord de l'Ontario... et assez souvent, ils revenaient avec de la viande! 

 Toujours avec Guy et sa famille, nous sommes partis dans le sud de l'Ontario pour exploiter une ferme...  Une belle aventure pour les enfants, mais ça prenait du cran pour les parents!

Je laisse mon homonyme, Martine à Gaston, parler de son père:
"Le petit dernier de la famille qu'était mon père était appelé affectueusement le P'tit trésor des bois. Selon tante Thérèse, Julia aurait dit lors de la naissance de mon père que c'était les sauvages qui l'avaient amené durant la nuit. Comme les sauvages habitent les bois ils avaient apporté un petit trésors des bois!!!  Ce qu'il l'aimait sa maman......

J'était jeune lors des visites à Plantagenet chez nos grands-parents.  J'avais autour de 10 ans mais gourmande comme je suis je me souviens particulièrement des galettes  aux dattes que grand-maman faisait. Au cours des dernières années de vie de mon père lors de ses visites chez tante Thérèse cette dernière lui en faisait qu'il  ramenait à Lévis et qu"il partageait avec moi....quel délice!!!  Ça me prends la recette.

Les rencontres avec ses frères étaient une cacophonie de rires et  de conversations animées!!! Ahhh les rires distinctifs des 4 petits derniers!!!! Et que dire de leurs talents de chanteurs!!!!  Ouf pas reposantes ces rencontres là!   " 
Martine à Gaston

Le beau Méo nous a quitté cette année.  C'était le comparse de mon père Claude... et donc, un peu le mien aussi!  
Roméo, droit comme un "I", fort un chêne!  
L'hiver, il fendait son bois.  L'été, coiffé d'un chapeau de paille qui le faisait ressembler à Médard, il était heureux sur sa ferme à cultiver son jardin.  Il aimait s'asseoir, en fin d'après-midi , à l'arrière de la maison en regardant ses poules et en observant l'horizon.  Roméo n'a jamais oublié combien la vie était difficile quand il était petit.  "On a été séparés de notre mère beaucoup trop tôt, à 8 ans, un gars a encore besoin de sa mère."  Il n'était pas un homme de beaucoup de mots, ni très expansif.  Mais ces mots me rappellent aujourd'hui que la vie n'était pas facile dans la première moitié du 20e siècle.  et que quand on a rien, on s'accroche à ceux qu'on aime!

jeudi 28 août 2014

TOMBÉE DEDANS quand j'étais petite!

Pendant toute mon enfance, la majorité des fins de semaine se passaient à Plantagenet, chez les grands-parents.  Parfois, on y allait le samedi et on couchait là, parfois on partait tout de suite après la messe du dimanche. En arrivant grand-maman nous couvrait de gros becs mouillés bien sonores, Grand-papa mettait sa main dans nos cheveux... et ensuite, on pouvait voir qui d'autre était là.  Parce que, les dimanches en tout cas, la petite maison était souvent pleine d'invités.  Quand on fait 16 enfants, on a d'la visite souvent! 
Il y avait ceux du Nord, les familles de Jean-Louis, Gérard, Marie et Guy.  Il y avait ceux qui étaient plus à l'est, au Québec:  Aline au Saguenay, Béatrice à Montréal et Gaston sur la rive sud de Québec et tous les autres éparpillés de Cornwall à Toronto.  Et bien sûr, notre gang disséminée sur les bords de la Rivière Outaouais
Ces dimanches sonnaient le ralliement des Bourdeau!

Pour nous, les cousins, cousines, le village de Plantagenet était un terrain de jeu idéal.
Guidés par Roger et Ginette à Paul-Émile, qui habitaient le village, on allait d'abord sur le vieux pont de fer pour évaluer le plan de match et évaluer la situation.  Ensuite, direction village, rivière pour la pêche au crapet-soleil ou les champ autour de la maison.  Il y avait toujours quelque chose à faire!
J'adorais aller chez Léger.  Madame Léger tenait le magasin de notre côté de la rivière.  On y vendait de tout:  de l'épicerie, des vêtements, des clous, des vis, des boutons, etc. Et au centre du magasin, il y avait des rangées et des rangées de biscuits dans de grandes boîtes.  On pouvait choisir exactement ceux qu'on voulait.  Le paradis!
Si on avait pas d'argent pour des biscuits, on pouvait toujours revenir à la petite maison de Pitch Off Road. 
Les grands y jouaient aux cartes sous l'oeil bienveillant de Marguerite d'Youville. ( Elle n'avait pas encore été nommée sainte,
 mais elle inspirait beaucoup de gens. 
 Tellement qu'on trouvait des calendriers dans
 lesquels on pouvait glisser des 10 sous pour les bonnes oeuvres des Soeurs de la Charité.
  Il y avait un de ces calendriers dans la maison de Julia et Médard.)  
 A l''époque , les jeux de carte étaient très populaires.  Et chez les Bourdeau, tout le monde jouait au 500.  Grand-maman prenait grand plaisir à ce jeu. Tout l'après-midi les équipes se succédaient autour de la table.  S'il y avait beaucoup de joueurs, on faisait deux tablées. Roméo prenait "huit sans atout" sans même regarder son jeu, ce qui avait pour effet de déclencher de grands éclats de rire de ses frères.  Grand-maman bougonnait un peu pour la forme, mais était contente d'être au milieu des siens.

Un peu après 3 heures, l'après-midi, nous faisions un pèlerinage... jusqu'à la fromagerie au bout de la rue.  La curd serait prête d'un moment à l'autre.  Nous attendions tous alignés sur le bord du comptoir, regardant à travers la vitre le brassage jusqu'à ce que les savoureuses crottes de fromages roulent sur la courroie.  S'il n'y avait pas trop de clients, nous avions parfois droit à un petit "échantillon" de fromage tout chaud faisant squish squish juste parfaitement.  De retour à la maison, les petits bols de curds étaient vite distribués.
Grand-maman avait le sien.  Elle aimait tellement ce fromage tiède qu'elle disait:" Quand on me déclarera morte, mettez-moi un p'tit bout de curd sur la langue.  Si je l'mange pas, c'est que je suis vraiment morte!"

J'ai souvent eu l'occasion de passer la semaine à Plantagenet pendant les grandes vacances.  C'est là que j'ai compris comment Grand-maman était aux fourneaux toute la semaine pour accueillir sa famille. Elle boulangeait, avait même un four à pain dans la cour arrière.  Je me rappelle qu'il fallait désherber le jardin pendant que le pain cuisait.  Puis Grand-maman appelait en nous disant de rapporter un concombre!  mmm! pain chaud, beurre et concombre frais cueilli!

Grand-papa, lui, avait une grosse talle de framboise dans le jardin.  Le bonheur!  facile à cueillir parce que juste à ma hauteur, il y en avait partout où on regardait! 
 Aujourd'hui,la framboise est toujours mon fruit favori... surtout en tarte!!!

Les tartes!  Il y en avait toujours plusieurs sortes: framboises, fraises et rhubarbe,citron, aux oeufs, aux raisins secs, au sucre, à la noix de coco, aux cerises, au bleuet... Son carnet en est plein ( voir l'article recettes sur le blogue) ... C'était si difficile de choisir qu'elle  nous en offrait toujours "un p'tit morceau de chaque".

Il y aura 40 ans bientôt que Julia est décédée, mais son souvenir est toujours bien présent.
Julia, cette femme qui est née avec le 20e siècle, s'est concentrée sur les gens qu'elle aimait et en a tiré une force immense.  Quel exemple pour nous tous!





dimanche 24 août 2014

Francophones en Ontario

Le règlement XVII
En 1912, le gouvernement ontarien vote une loi visant à limiter l'usage du français et à interdire son enseignement dans les écoles après la deuxième année du primaire.
C'est le tristement célèbre Règlement XVII.
Dès son entrée en vigueur, la résistance s'organise dans les écoles francophones.  Les enseignants continuent  à donner leurs cours en frnçais.  Les élèves cachent leurs livres quand l'inspecteur arrive en classe. 

A l'école Guigues à Ottawa, le ministère ferme l'école malgré les protestations.  Deux enseignantes, Diane et Béatrice Desloges, épaulées par des mères de famille l'occuperont et repousseront les policiers à l'aide de ciseaux et de  leurs longues épingles à chapeaux!

La résistance est si forte que, dès 1927, le règlement n'est plus appliqué.  Il  faudra attendre jusqu'en 1944 avant le retrait officiel du règlement. Cette tentative d'éliminer le français des écoles, et des communications de la province en général,  a sonné le réveil de la résistance des Franco-Ontariens.  

L'Ordre de Jacques-Cartier
En 1926, est créé,
l'Ordre de Jacques-Cartier,  
aussi connu sous le nom de
La Patente.
Cette société secrète a pour but 
la promotion du fait français catholique 
au Canada en infiltrant l'administration gouvernementale et les entreprises privées. Au plus fort de ses activités, en 1960, elle comptait 40 000 membres.   
Jean-Louis était l'un d'entre eux. 






mardi 19 août 2014

MÉDARD le pince sans-rire

Grand-papa aimait bien susciter des réactions, surtout chez les plus jeunes.

On le voit ici dans un extrait d'un documentaire produit par l'ONF sur la vie en Ontario français au début du 20e siècle...  
Il y raconte, que les jeunes de son temps n'avaient pas beaucoup de temps pour s'amuser.
Il raconte comment sa rencontre de Julia alors qu'il "allait aux maîtresses d'école" l'a sûrement sauvé de faire la guerre en Sibérie!



!

Le calendrier de Grand-papa

Grand-papa aimait bien observer les saisons.  Il avait toutes sortes d'adages au fil des saisons.  S'il y avait beaucoup de pelures sur un oignon, c'est que l'hiver serait rigoureux.  Le 3 fait le mois, le 7 le défait,.. Il y avait un temps pour chaque chose!
On le voit ici dans un extrait d'un documentaire produit par l'ONF sur la vie en Ontario français au début du 20e siècle...

dimanche 17 août 2014

1969: Le party du 50e anniversaire de mariage




La prière du soir

Voici une belle prière du soir que Grand-maman récitait:                                                           

Bonsoir mon bon Jésus, bonsoir!
Je vous souhaite une bonne nuit, 
une nuit que vous soyiez connu,
aimé et servi de tout le monde, 
une nuit que vous ne soyiez
 offensé de personne.

Je mets mon cœur dans le vôtre
au Saint Tabernacle 
ainsi que celui de mon père, de ma mère, 
de mes frères, de mes sœurs, 
et de tous ceux qui me sont chers. 

Embrasez les tous du feu sacré de votre amour.

Je voudrais être à la place de la petite lampe
qui brûle sans cesse à vos pieds. 
Mais puisque votre volonté m’appelle ailleurs, 
faites que mon coeur se consume à vous aimer, 
qu’il ne cherche en tout qu’à vous plaire 
et à faire ce qui vous est le plus agréable. Amen.

Mariette à Jean-Louis

CLAUDE; Du Séminaire au Monastère

Médard était fier d'avoir fait en alternance, un garçon, une fille pour les huit premiers enfants.
Puis vinrent 4 filles:  Béatrice, Marie, Jeanne et Aline.   Ensuite maman voulait des garçons pour aider aux travaux de la ferme.   Il parait,  qu' enceinte du treizième enfant,  Julia aurait invoqué le ciel: " Si je dois avoir d'autres enfants, c'est des gars qu'on veut!  SVP, faites que le prochain soit un garçon."
Elle en eut quatre d'affilée, la chanceuse!

Impossible de parler de Julia, sans parler de ses becs mouillés. Tout le monde y a passé.  Guy semblait détester ça un peu, beaucoup.  Pour le consoler, elle lui en piquait un autre, lui disant que c'était pour enlever le premier!

Julia avait beaucoup de talent pour vendre ses idées.  C'est peut-être bien pourquoi Médard ne parlait pas beaucoup...

Les plus vieux ont beaucoup pris soin de la famille.  Ils travaillaient et envoyaient des sous à maman.  Ils venaient nous voir et nous apportaient des gâteries.  Je me rappelle, entre autres, de Lucille qui travaillait dans une compagnie qui faisait de la crème glacée  Elle en apportait parfois, elle apportait aussi des gros morceaux de chocolat...  Le bonheur pour les enfants!

Les quatre plus jeunes, on avait tous nos surnoms: Jos, Ramo, Ti-Gris  et Carotte
 ( Claude, Roméo, Guy- qui est devenu plus tard: l'avocat, et Gaston).

 L'après-midi, on montait l'escalier pour aller piquer un somme obligatoire, et nous, on passait par la fenêtre et on redescendait par le poteau de la galerie, pensant que personne nous voyait. Ma mère nous avait vu
 et elle était pas contente.

Une autre fois, c'est quand on a descendu la rivière en face de chez nous sur un billot.  Quatre sur un billot et personne qui sait nager!  C'était moi le plus vieux.  Maman était pas contente là non plus...
pourtant, on était de si bons petits gars!!!

Maman rêvait d,avoir un curé dans la famille.  C'était l'usage, dans les grandes familles de "donner un enfant à l'église".  Berthe avait tenté le cloître, mais était revenue à la vie laïque.  Moi, je suis allé au séminaire des Capucins, à Ottawa. Otto, mon parrain, a payé ma pension;  30$ par mois- c'était beaucoup d'argent.  Pour moi, c'était aussi une manière de faire mon cours classique.

Au bout d'un peu plus d'un an, ça me semble évident que j'ai pas la vocation.  Quand je l'annonce à maman, elle ne perd pas de temps, me sort du Séminaire immédiatement.
J'ai fini mon année au high school de Plantagenet et elle m'a dit d'aller travailler.

Mais qu'est-ce que je pouvais faire?  pas de métier, pas trop d'éducation...
L'armée semble tout indiquée.  Je m'enrôle pour trois ans et je décroche une formation en comptabilité.
Au bout de mon contrat, j'en ai marre de cirer des bottes, je veux quitter.  Mais la chance est au rendez-vous.  Si je prolonge mon séjour dans l'Armée de deux ans, c'est en Europe que j'irai travailler!  L'occasion est trop belle.  Je pars.



D'abord basé à Marville, en France,
dans une base de l'Otan,
puis en Sardaigne au sud de l' Italie.
J'en ai profité autant que j'ai pu pour visiter,
faire du ski dans les Alpes
et parler aux filles en italien!
Jusqu'à ce que je retourne à Marville, en France. C'est là que j'ai rencontré Maryse qui travaillait aussi à la base.. quelques semaines avant de revenir!





J'ai commencé au Séminaire et aujourd'hui j'habite au Monastère- c'est le nom de ma résidence.
77 ans, c'est beaucoup de printemps!  Je pensais pas me rendre jusque là.
Le travail m'a magané, j'aimais pas ça, mais c'était difficile de passer à côté!

samedi 16 août 2014

GUY, surnommé l'avocat!


E
EMBRUN

A 4 ou 5 ans, j'allais à la pêche avec 
la chaloupe des Pères Oblats, 
grâce à Otto. 
Certainement un saint 
que nous n'oublierons jamais!

En plus de prendre le poisson, je le nettoyais 
avant d'offrir à Maman le plat préféré...
afin de voir sa joie et son sourire.

Un peu plus tard, 

on m'a donné deux oursons,
de vrais oursons! 
Comme il fallait les nourrir, 
je sacrifiais mon déjeuner de soupane.
Franchement, je n'avais pas d'objection 
car ce n'était pas mon plat favori. 

Nous vivions à l'arrière 
de l'église à Embrun
et mes ours devenaient plus populaires 
que le curé Forget. 
Alors, catastrophe!  
Mes ours disparurent 
sans laisser aucune trace!




PLANTAGENET


Il fallait payer mes études, 

alors je vendais des vers de terre, 
des minnows et des écrevisses.
Aussi des arbres de Noël.
J'ai même vendu des abonnements 
de portes à portes au magazine
Chatelaine!

De plus, je vendais beaucoup beaucoup 
de lapins à une clientèle établie.




Plus tard, le magasin Gauthier 
m'offrait un emploi à entretenir les gazons, à travailler dans le magasin.
Ensuite, j'étais en charge de classer les oeufs. Comme les oeufs craqués se vendent à moitié prix, je m'assurais toujours qu'il y en avait assez pour Maman!

 A 15 ans, pendant de grosses rénovations du magasin, je me porte volontaire pour installer le plancher de bois franc - et avec des clous carrés! 
Quelle expérience!

1959 Nord de l'Ontario
Assistant gérant de la coopérative de Cochrane. Dix employés! 

En 1960, gérant pour Husky à Kapuskasing et à Hearst.

1971 St-Catharines, Ont.
Contrat de 200 tonnes de raisins. Courtier en Immeubles.

1976 Fort McMurray, Alberta
Contrôleur de l'application des normes de l'Alberta pour la construction de 350 maisons pour la Compagnie Syncrude.

Retour en Ontario, à Winchester

J'achète une terre, construit une maison, vends et fais la maintenance des systèmes d'eau. De plus, avec l'aide de Cécile, grosses grosses récoltes de fraises. Cinq milles nouveaux plants de fraises chaque année en plus de vendre des arbres...épinettes bleues, arbres de Noel, érables, pins etc.

Val des Monts, Québec:
Achète un lac privé sur un terrain de 300 acres, dans lequel je fais grandir de la truite pour ensuite pêcher de la grosse truite. 

Je vends 175 acres et je donne 125 acres, le chalet et le lac à ma famille.

Le plus intéressant sera dans mon livre... qui heureusement ne sera jamais publié. 

Thank God!

jeudi 14 août 2014

L'IMAGE-MYSTERE

Chers Bourdeau,

La beauté d'un blogue, c'est qu'on peut toujours y faire des corrections, y rajouter des éléments
On peut y lancer des appels à tous, y publier des images-mystères...
Qui sont ces beaux enfants devant une maison en pierre?
Raymond, Jean-Louis et Berthe.  Mais on ne sait pas qui était le coiffeur!



mercredi 13 août 2014

BÉATRICE RACONTE


 J’ai de doux souvenirs de ma tendre enfance et c’est un plaisir pour moi de vous en transmettre quelques-uns.

C’est le Jour de l’An. C’est la fête. Une sortie en grand traîneau pour aller chez grand-papa Bourdeau à Forget. Des fers à repasser et des briques que maman a fait chauffés ont été déposés ici et là dans le traîneau pour nous tenir au chaud. On nous installe confortablement et nous recouvre de couvertures de poils de fourrure. Parfois les gars descendent du traîneau et courent tout à côté. Les filles se laissent bercer par le tintement des clochettes accrochées au harnais des chevaux et parfois nous chantons. Il y a si longtemps de cela que je ne me rappelle plus si on chantait juste ou faux. C’était bien trois milles de Saint-Onge à Forget.  C’était féérique. Arrivés dans la maison de grand-papa, ma marraine Elméria, épouse d’Alexis Bourdeau, m’offre un bas de Noël qui contenait une orange, une pomme, trois ou quatre raisins et quelques bonbons. Comme j’étais contente! Des oranges il n’y en avait qu’aux fêtes sur le marché. 
Nous ne connaissions pas le Père Noël. Pour nous Noël, c’était la naissance du petit Jésus.
 Et il ne faut pas oublier la bénédiction de papa. Maman rassemble tous les enfants.
 Elle nous demande de nous mettre à genoux et va chercher papa.  «Que la bénédiction du Tout-Puissant descende sur vous et y demeure à jamais. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.» Ayant étendu la main au-dessus de nos têtes et tracé le signe de la croix, il venait de transmettre la bénédiction de son Dieu à ses enfants, telle qu’il l’avait reçue de ses ancêtres.

Un autre beau Noël fut celui où je suis allée à la messe de minuit avec maman alors que nous habitions à Cochrane dans le nord de l’Ontario. L’église était bien au-delà d’un mille de la maison. Il faisait moins 300 F . Nous nous tenions tout proches l’une de l’autre et je l’avais cette fois pour moi toute seule. J’étais très heureuse. Pour une raison qui m’échappe aujourd’hui, je ne me souviens pas où étaient les autres.

Voici un troisième beau Noël. J’étais une fillette pour ne pas dire un bambin. Quand le clan Bourdeau déménagea sur une terre à Embrun dans la maison en belles pierres grises, Jacqueline, épouse de Jean-Louis nous avait fait de petits animaux en chiffon pour Noël. Ce furent les seuls cadeaux que nous avons eus cette année là. 
J’ai reçu un cheval.  Pour moi, il était le plus beau.

Il y avait une cabane à sucre et le printemps venu, les gars faisaient bouillir l,eau d'érable pour faire du sirop la nuit. Pour se distraire et pour se tenir réveillés, ils se jouaient des tours. Une nuit,  je ne me souviens plus qui, Paul-Émile, peut-être, a mis des pétards dans des cigarettes que les gars faisaient eux-mêmes. Le matin lorsqu’ils rentraient à la maison et nous racontaient leurs anecdotes les plus savoureuses, nous riions de grand cœur.

Il y avait un grand champ de lin en avant de la maison. Maman nous disait si vous voulez aller arracher la moutarde, j’aurai une belle surprise pour vous. Ce que nous avons fait.  Lorsque nous sommes rentrés, elle donna vingt-cinq sous à l’un de nous pour aller chercher du baloné chez le boucher et elle nous prépara un panier de provisions que nous avons apporté dans le bois où il y avait la cabane à sucre et la carrière. Nous pique-niquions et après on jouait à la cachette. C’était un très beau dimanche pour nous.

À d’autres occasions le dimanche, maman faisait de la crème glacée. Elle utilisait la crème prise sur le lait et un sceau avec des lames dedans. Je me souviens qu’il fallait brasser. Oh que c’était bon! Nous étions tous excités et ravis.

Il y avait un grand verger sur la ferme. À l’automne, nous montions dans les arbres, cueillions les pommes et on les déposaient  dans un grand panier.  
L’hiver, nous n’utilisions pas le troisième étage de la maison car c’était trop difficile à chauffer. Donc nous étalions du papier journal sur le plancher d’une grande chambre et déposions les pommes. Il ne fallait pas qu’elles se touchent. Nous avions des pommes jusqu’à Noël!
  
Nous avons aussi demeuré à l’ombre de l’église à Embrun. Un de ces mardis où maman boulangeait, en revenant de l’école oh que ça sentait bon, mium, mium. Maman a brisé en plusieurs morceaux un pain encore chaud de sa fournée, y  a déposé du beurre et le distribua. Quel délice! Son bonheur était si beau à voir que je m’en souviens comme si c’était hier. Elle aimait bien nous faire plaisir. 

Parlant de notre demeure à l’arrière de l’église, Marie et moi désirions un nouveau manteau pour Pâques. Ce n’était pas un caprice, le nôtre était trop petit. Nous étions de grandes filles, quoi neuf, dix ans.  Maman nous fit une proposition. Si vous voulez aller faire du ménage chez Maria Beaudin, une bonne couturière, en retour, elle viendra m’aider et nous vous mettrons belles pour Pâques. Ce que nous fîmes.
Le matin de Pâques nous avions chacune un beau manteau avec un bonnet hollandais et une petite poche avec rubans qui nous servait de sac à main. Nous avions bien hâte de nous rendre à l’église pour se faire voir... bien humblement!

Un beau dimanche, Otto, qui était concierge à l'école secondaire, demanda aux Clercs Saint-Viateur, enseignants au secondaire, de bien vouloir lui prêter leur chaloupe pour nous amener faire un tour sur la rivière. Ce qui se fit. Pour nous c’était la fête. Cependant après environ une heure, il décida de remettre la chaloupe à sa place et de reprendre son travail. Après son départ, nous, les enfants, avons décidé de retourner nous promener en chaloupe. Nous étions au moins quatre qui ne savaient ni nager, ni ramer. Je me souviens que nous étions au milieu de la rivière et que nous ne savions pas comment rejoindre la rive. Maman a dut s’inquiéter du non retour de ses poussins et entreprit des recherches. Lorsque nous sommes arrivés à la maison, je n’ai pas besoin de vous dire que nous n’avons pas été accueillis à bras ouverts. Quelle inquiétude pour maman! Nous ne connaissions pas le danger.

Je ne peux terminer sans mentionner les belles réunions de famille au cours des années, que ce soit chez les parents, puis chez Berthe et Fernand d'abord, ensuite chez les frères et soeurs.  Nous avons ensuite eu de grandes fêtes familiales à Wendover et à Plantagenet. Nous avons dansé, chanté, pris un p’tit coup et nous nous sommes couchés très tard.    Ah la jeunesse, que c’est beau!

 Et ça, c’est pour la famille de Médard et de Julia mais il ne faut pas oublier les enfants qui continuent la tradition.
Quelle belle réunion chez Claire à Berthe, puis chez Linda à Thérèse  et maintenant chez Roger à Paul-Émile. 
Qui sera le prochain? J’ai déjà hâte car je serai là, promis.

Béatrice
Juillet 2014



Y a rien de trop beau pour le mariage d'un Bourdeau!

Julia épouse Médard
le 3 février 1919.

Ils se marient à 

Hammond, Ontario.

Et partent après la 

cérémonie pour 
St-Onge, près d'Embrun...




Jean-Louis raconte leur  périple 
par cette froide journée de février 1919






Le père de Médard, Paul,  leur lègue une maison neuve et quelques animaux de ferme.
De quoi partir dans la vie!

Neuf mois après leur mariage nait un premier fils, Raymond.
S’ajouteront 15 petites bouches de plus à nourrir au cours de la vingtaine d’année qui suivra!  

Raymond, Berthe et Jean-Louis

OTTO, l'orphelin de la Grande Guerre

Otto Schweizer, était un orphelin allemand de la Première Guerre mondiale.
Ils étaient des milliers, de toutes origines,  à être recueillis par le gouvernement anglais et ensuite envoyés dans les Colonies britanniques... dont le Canada.

Il a été d'abord aidé sur la ferme de Julia et Médard.  Puis il est devenu un ami, un homme très attaché à toute la famille. Jean-Louis a appris l'anglais en sa compagnie.  Il était le parrain de Claude et a défrayé les coûts du séminaire... jusqu'à ce que Claude décide qu'il ne voulait pas être curé!
 ( plus de détails dans les articles du blogue 2011)

Jean-Louis à propos de sa rencontre avec Otto

dimanche 10 août 2014

MARIE - Les fréquentations

  
Récit raconté par Marie  Gauthier
Août 2014


LA RENCONTRE

J’ai rencontré Claude Gauthier au mois d’août 1952 lors d’une sortie entre amis au Standish Hall, une célèbre salle de danse à Hull.  C’était le temps des balades, la grande valse et les « big bands », notamment le Glenn Miller Orchestra, Mart Kenney Orchestra, Louis Armstrong, Tommy Dorsey  et Jimmy Dorsey. Quelle belle époque! 

Claude travaillait avec son père au magasin général EG Gauthier à Plantagenet. 





Quant à moi, je travaillais en secrétariat au Canadian Pacific Railway (CPR), à la gare Windsor à Montréal.

En septembre je suis allée chez mes parents à Plantagenet où j’ai rencontré Claude pour la deuxième fois.  Il m’a demandé de l’accompagner à une partie de hockey des Canadiens, au Forum de Montréal.  J’ai accepté son invitation avec plaisir. C’était le début de nos fréquentations.  
À l’occasion, il venait me voir, parfois en automobile, parfois en autobus le samedi soir à Montréal, et nous allions au chic Casino Bellevue, endroit bien connu pour ses spectacles grandioses et magnifiques.  

Pour terminer la soirée nous nous rendions à la messe de 3h00 du matin à la Basilique Notre Dame, un incontournable dans les années 50.  Cette célèbre église devenue aujourd’hui le lieu phare de l’histoire de Montréal, était pleine à craquer de bons et fervents catholiques.

J’habitais au 1529  rue Sherbrooke ouest, avec Jeanne, ma sœur. Lors de ses séjours à Montréal, Claude réservait une chambre chez une dame française, Mme Severe, à quelques pas de mon logement.
 À l’époque, cet établissement était connu sous le nom  « Tourist Home Bennett’s Lodge », un B&B et les frais s’élevaient à 2$ la nuitée.  Aujourd’hui on connaît cet établissement sous le nom du Château Versailles, un petit hôtel de charme situé dans le quartier historique du centre-ville de Montréal.

Dans les années 80, le International Lions Club tenait sa conférence à Montréal.  Nous étions parmi 50,000 membres venus de tous les coins du monde pour participer à cet événement. Le comité organisateur nous avait réservé, tout à fait par hasard, une chambre au Château Versailles. Quelle coïncidence!

En mai 1954 au mariage de Louise Gauthier McAuley, sa sœur, le père de Claude m’a dit : « Marie, ça fait deux ans que vous sortez ensemble, mariez-vous donc, j’ai besoin de Claude au magasin. » Nos fiançailles ont eu lieu le 8 août et le mariage le 25 octobre 1954 en la Chapelle de l’Hôtel Dieu à Montréal.  Quelle belle journée! Nous nous sommes ensuite envolés à New York, ville extraordinaire où nous avons vu en spectacle, l’inoubliable  Mae West au « Radio City Music Hall », visité le « Empire State Building »  avec une vue imprenable du 102e étage, gravi une soixantaine de marches ou plus dans un escalier très étroit jusqu’au flambeau de la Statue de la Liberté pour y découvrir un panorama mémorable, suivi d’un grand tour de ville.  Après avoir passé quatre jours fantastiques dans cette ville qui ne dort jamais, nous avons pris le train vers les réputées montagnes Pocono, centre de villégiature pour nouveaux mariés.  Quelle belle Lune de miel! À notre retour, nous sommes demeurés à Plantagenet jusqu’en 1961. 

Aujourd’hui, nous demeurons à Longueuil, sur la Rive Sud de Montréal, dans une résidence, à notre image, et que l’on décrit  « pour retraités dynamiques » !


ffff

GÉRARD, le conteur


Moi, je vais vous raconter quelque chose que je ne me rappelle pas.
Je ne me rappelle pas de ma naissance, mais elle mérite qu'on s'y attarde .  
Je suis né à Plantagenet.  Maman était de passage chez Grand-maman Legault avec sa soeur, ma tante Yvonne. 
Imaginez vous que maman et tante Yvonne ont donné naissance  dans la même journée chez grand-maman, Evelyne Legault, qui était veuve à l'époque.
Grand-maman en avait plein les bras. Imaginez, seule à un âge assez avancé avec tous les travaux d'extras dans la maison et pas trop de commodités. 
Mais à cette époque, les gens avaient toujours le temps et faisait de la place aux imprévus au besoin. Ces moments méritent un moment d'appréciation pour le dévouement intarissable et inconditionnel de nos très chers arrières et grands parents.
 Quelle belle image d'amour.

Je pesais dix livres à la naissance, un beau gros trésor!  
C'est le surnom que maman nous a tous donné.  
Encore, je ne me souviens pas, cependant, il est raisonnable de croire que ça allait très bien mon affaire!   Maman,  bonne nourricière et avec de grosses caresses me faisait faire mes rots. Elle travaillait beaucoup au jardin, c'était pour assurer les réserves pour les mois d'hiver. Comme j'avais déjà commencé à marcher, vers l'automne lorsqu'elle tardait à revenir pour me nourrir, apparemment c'est moi qui allait la trouver pour la têtée.  Je revenais à la maison le ventre plein comme ont dit.

Maintenant il est temps de parler de souvenir à Forget suite au village St Onge. Tante Yvonne était en visite chez nous, une matante qu'on aimait bien,  pis elle avait du chien. 
Elle et son mari Edmond avaient un magasin à Thurso et elle nous apportait toutes sortes de choses,  entre autres,  les bonbons collés qu'elle ne pouvait pas vendre. Maman les faisait fondre et ça faisait un saudit de bon sirop. 

Yvonne aimait bien jouer des tours et demander des affaires impossibles. 
Une bonne fois, elle m'appelle et me dit: Gérard, j'ai une proposition. Si tu veux me montrer ton moineau je vais te donner cinq cennes.   Moi,  je trouvais que ça avait pas de bon sens.  Elle continue et monte la mise  jusqu'à dix cennes… J'aurais bien pu y montrer elle ne l'aurait pas mangée comme ont dit pis j'aurais fait dix cennes!
Mais dans ce temps là, c'était  bien défendu de jouer avec.   On pouvait la gratter seulement si elle piquait.

Parlons de notre passage à la maison de brique rouge près du pont à St Onge. Ça brassait pas mal. 

Papa avait obtenu le contrat pour la livraison du courrier rural.Il fallait parcourir 22 miles par jour ( NDLR: un peu plus de 35 kilomètres
Dans ce temps-là,  la livraison du courrier se faisait six jours semaine.  On avait droit à trois jours par année de congé à cause de tempêtes ou autres raisons majeures. Tout ça pour quarante dollars par mois, - chevaux et voiture compris. C'était très exigeant. Papa avait parfois de grosses crises d'asthme mais il n'avait pas le choix, il fallait y aller. 
Maman classait le courrier par ordre pour faciliter la livraison. Elle faisait chauffer des briques, les enrobaient dans des couverture les mettaient dans la voiture,  couvrait papa avec de grosses couvertes et ça partait. Par chance,  les chevaux étaient habitués de s'approcher des boites à courrier. C'est avec leur détermination et l'aide du  petit Jésus que la livraison se faisait. Le pire était quand , après avoir fait une bonne part de la livraison, on arrivait chez une madame qui voulait poster une lettre. Papa, les mains déjà gelées,  devait enlever ses mitaines,  sortir un timbre de trois sous que l'ont collait sur l'enveloppe à apporter au bureau de poste,  puis ça repartait.

Ensuite, nous avons déménagé dans la maison de pierre à Embrun. 

Après les fêtes on grattait la neige sur la rivière Castor pour faire épaissir la glace. Lorsqu'elle avait atteint près de trois pieds d'épaisseur,  les hommes la coupait en gros morceaux pour apporter à la glacière.   Là, elle était enrobée dans le brin de scie pour la conserver tout l'été. 

Nous avons vendu le lait a St-Onge et à Embrun, à 5 sous la pinte. 
Les caisses de lait étaient empilées dans une voiture fermée avec une porte de chaque coté. Nous mettions de la glace sur le dessus des caisses elle fondait et faisait de l'eau froide qui coulait sur les pintes de lait lors de la livraison. Comme il n'y avait pas d'électricité,  nous vendions aussi des morceaux de glace d'environ 7 pouces carré cinq sous pour les frigidaires de cuisine.
 Entretenir le troupeau, la ferme, le fourrage, les bâtisses et tout le tracas, ça faisait bien de l'ouvrage avant de recevoir le cinq cennes. Heureusement qu'ils avaient la foi pour s'accrocher et se ressourcer à l'occasion.

Après avoir complété ma scolarité à l'école St Jacques d'Embrun,  j'ai été travaillé à la Cotton de Cornwall jusqu'au printemps. 
Papa était dans le nord de l'Ontario.  Il  travaillait à Kapuskasing et avait acheté une ferme à Cochrane. Le climat sec du Nord lui évitait les crises d'asthme.
 Il m'a convaincu de monter avec lui pour cultiver la ferme. J'y suis resté trois ans, l'été sur la ferme et l'hiver dans le bois. Je ne voyais pas d'avenir avec un climat rigoureux et aurait fallu tout rebâtir. L'argent du bois l'hiver nous faisait vivre durant l'année.
 Par chance,  il y avait les Grégoire pas loin ça faisait une place où aller jaser le samedi soir. Ils nous embarquaient dans la boite de leur petit camion le dimanche pour aller à la messe.

Mais les conditions ne me semblaient pas prospères.  j'ai dis à papa que j'aimerais essayer de faire autre chose.
J'avais vingt ans,  pas d'argent, pas d'ouvrage. J'entend parler que le gouvernement bâtissait un hôpital à Moose Factory, près de Moosonnee,       186 milles au nord de Cochrane. La traversée de Moosonnee à Moose Factory se faisait seulement à marée haute.   On cherchait des charpentiers, je me suis dis que j'étais capable de faire ça de la charpente.  Bon salaire, logé. nourri. Je travaille jusqu'au printemps. Les Indiennes commençaient à être belles, alors je me suis dit  il est temps que je redescende en ville.
En ville, c'est à Cochrane.   En arrivant,  je vais voir l'agronome . Il me dit j'ai un emploi avec la branche animale et économique mais ça prend de l'argent. Il fallait que j'aille prendre un cours au collège de Guelph et que je m'achete une voiture car j'aurais à voyager entre Cochrane et Hearst. J'accepte.  

En revenant, j'arrête à Toronto chez Emilia et Jean.  Les bonnes voitures usagées étaient très rares à la fin des années 1940.  Comme on connait Jean,  
il propose qu'on aille voir les voitures et j'en achète une, même si j'ai  pas de permis de conduire.  Jean me fait conduire un peu et dit:  demain à quatre heures,  je vais te sortir de la ville et tu montes à Cochrane. 
Comme entendu, le lendemain je monte à Cochrane et j'embarquais des gens sur le pouce. J'ai passé mon permis de conduire  le lundi matin. 

L'hiver,les chemins n'étaient pas toujours praticables. Je me suis acheté une bonne paire de chiens et je me suis fait un bon traîneau approprié pour mes besoins.   L'automne,  je m'achetais un vieux cheval pour la viande des chiens durant l'hiver. Je mettais le traineau sur le capot de la voiture et les chiens à l'intérieur. C'était unique, formidable et bien spécial. J'étais jeune tout feu tout flamme et pis pas gâté.J'ai travaillé dix-sept ans pour le gouvernement provincial.

En octobre 1953 j'ai rencontré Aline à Saint- Félicien, au Lac-Saint-Jean, au Québec.  La rencontre a été courtoise, agréable. Bonne nourriture, maison propre. Puisque je voyageais,  ça prenait une femme heureuse dans sa maison. Nous proposons de nous revoir aux fêtes. Nous nous fiançons et propose un mariage au printemps. Nous nous voyons pour la troisième fois et le mariage a lieu le 26 avril 1954.  Nous aurons 3 garçons:  André, Jean et Serge. 

J'ai ensuite travaillé pour le  Bureau de mise en marché du lait de l'Ontario . Le territoire était de Parry Sound à Fort Francis à la frontière du Manitoba. J'étais le porte parole des politiques laitière et travaillait beaucoup avec des comités de chacune des régions. Il y avait un bon défi j'aimais ça. Les gens étaient tous formidables. Cependant nos 3 garçons vieillissaient et nous voulions nous rapprocher des universités.
Un de mes amis me dit que la Commission Canadienne du Lait cherche une personne pour les quotas de lait et le transport ce que je faisait déjà dans mon travail avec la Régie du Lait. Je pose ma candidature, passe l'entrevue, le poste m'est offert, je l'accepte. Tout le monde est bien contents,  nous nous en venons à Ottawa.   L'université à nos portes pour les gars.
 Je suis devenu gérant d'environ 80 entrepôts de la Commission à travers le Canada. Il fallait entreposer les achats de produit pour l'exportation Je suis aussi devenu Officier de transport pour planifier les divers déplacements appropriés soit par terre, par mer ou par air pour l'exportation du produit de la Commission. J'ai passé dix neuf ans avec la Commission. J'ai bien aimé mon travail et apprécié beaucoup les belles commodités de notre belle ville d'Ottawa. Ce que je retiens est que la vie est un bon professeur il ne faut pas que nos illusions dépassent la raison.
Il y a toute une vie personnelle dans nos cheminements. La vie c'est un théâtre;  à nous de jouer le rôle espéré. .Soixante ans déjà. Nous avons trois beaux et bons garçons. Nous en sommes très fiers. C'est vrai qu'ils avaient une bonne mère poule pour transmettre toute ces belles qualités. Moi aussi j'ai essayé de lui faire comprendre ma part héréditaire et que Julia disait toujours ses trésors. Pas moyen, elle dit encore que c'est Julia qui disait ça. Il y a encore des St. Thomas…. Moi j'ai été l'homme le plus gâté de la terre. J'ai eu quatre cancers et un bon infarctus. Les bons soins, un bon moral et l'optimisme ont toujours été présents. Voilà l'important du présent cueille la fleur d'aujourd'hui. Merci Aline, merci les gars       
Bref, laissons battre nos cœurs à l'unisson car si l'amour ne se prouve guère avec raison le cœur ne doit pas moins s'efforcer d'en écouter la voie.      
                         
Gérard & Aline Bourdeau