J’ai
de doux souvenirs de ma tendre enfance et c’est un plaisir pour moi de vous en
transmettre quelques-uns.
C’est
le Jour de l’An. C’est la fête. Une sortie en grand traîneau pour aller chez
grand-papa Bourdeau à Forget. Des fers à repasser et des briques que maman a
fait chauffés ont été déposés ici et là dans le traîneau pour nous tenir au chaud. On nous installe
confortablement et nous recouvre de couvertures de poils de fourrure. Parfois
les gars descendent du traîneau et courent tout à côté. Les filles se laissent
bercer par le tintement des clochettes accrochées au harnais des chevaux et
parfois nous chantons. Il y a si longtemps de cela que je ne me rappelle plus
si on chantait juste ou faux. C’était bien trois milles de Saint-Onge à Forget. C’était féérique. Arrivés dans la maison de grand-papa,
ma marraine Elméria, épouse d’Alexis Bourdeau, m’offre un bas de Noël qui
contenait une orange, une pomme, trois ou quatre raisins et quelques bonbons.
Comme j’étais contente! Des oranges il n’y en avait qu’aux fêtes sur le marché.
Nous ne connaissions pas le Père Noël. Pour nous Noël, c’était la naissance du
petit Jésus.
Et il ne faut pas oublier la bénédiction de papa. Maman rassemble
tous les enfants.
Elle nous demande de nous mettre à genoux et va chercher papa. «Que la bénédiction du Tout-Puissant descende
sur vous et y demeure à jamais. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.»
Ayant étendu la main au-dessus de nos têtes et tracé le signe de la croix, il
venait de transmettre la bénédiction de son Dieu à ses enfants, telle qu’il
l’avait reçue de ses ancêtres.
Un
autre beau Noël fut celui où je suis allée à la messe de minuit avec maman alors que nous habitions à Cochrane dans le nord de l’Ontario. L’église était bien au-delà d’un mille de
la maison. Il faisait moins 300 F . Nous nous tenions tout proches l’une de l’autre et je l’avais cette fois
pour moi toute seule. J’étais très heureuse. Pour une raison qui m’échappe
aujourd’hui, je ne me souviens pas où étaient les autres.
Voici
un troisième beau Noël. J’étais une fillette pour ne pas dire un bambin. Quand
le clan Bourdeau déménagea sur une terre à Embrun dans la maison en belles
pierres grises, Jacqueline, épouse de Jean-Louis nous avait fait de petits
animaux en chiffon pour Noël. Ce furent les seuls cadeaux que nous avons eus cette
année là.
J’ai reçu un cheval. Pour moi, il était le plus beau.
Il y
avait une cabane à sucre et le printemps venu, les gars faisaient bouillir l,eau d'érable pour faire du sirop la
nuit. Pour se distraire et pour se tenir réveillés, ils se jouaient des tours.
Une nuit, je ne me souviens plus qui, Paul-Émile, peut-être, a mis des pétards dans des
cigarettes que les gars faisaient eux-mêmes. Le matin lorsqu’ils rentraient à la maison et nous
racontaient leurs anecdotes les plus savoureuses, nous riions de grand cœur.
Il y avait
un grand champ de lin en avant de la maison. Maman nous disait si vous voulez
aller arracher la moutarde, j’aurai une belle surprise pour vous. Ce que nous avons
fait. Lorsque nous sommes rentrés, elle
donna vingt-cinq sous à l’un de nous pour aller chercher du baloné chez le
boucher et elle nous prépara un panier de provisions que nous avons apporté
dans le bois où il y avait la cabane à sucre et la carrière. Nous
pique-niquions et après on jouait à la cachette. C’était un très beau dimanche
pour nous.
À
d’autres occasions le dimanche, maman faisait de la crème glacée. Elle
utilisait la crème prise sur le lait et un sceau avec des lames dedans. Je me
souviens qu’il fallait brasser. Oh que c’était bon! Nous étions tous excités et
ravis.
Il y
avait un grand verger sur la ferme. À l’automne, nous montions dans les arbres,
cueillions les pommes et on les déposaient dans un grand panier.
L’hiver, nous
n’utilisions pas le troisième étage de la maison car c’était trop difficile à
chauffer. Donc nous étalions du papier journal sur le plancher d’une grande
chambre et déposions les pommes. Il ne fallait pas qu’elles se touchent. Nous
avions des pommes jusqu’à Noël!
Nous
avons aussi demeuré à l’ombre de l’église à Embrun. Un de ces mardis où maman
boulangeait, en revenant de l’école oh que ça sentait bon, mium, mium. Maman a
brisé en plusieurs morceaux un pain encore chaud de sa fournée, y a déposé du beurre et le distribua. Quel
délice! Son bonheur était si beau à voir que je m’en souviens comme si c’était
hier. Elle aimait bien nous faire plaisir.
Parlant
de notre demeure à l’arrière de l’église, Marie et moi désirions un nouveau
manteau pour Pâques. Ce n’était pas un caprice, le nôtre était trop petit. Nous
étions de grandes filles, quoi neuf, dix ans.
Maman nous fit une proposition. Si vous voulez aller faire du ménage chez
Maria Beaudin, une bonne couturière, en retour, elle viendra m’aider et nous
vous mettrons belles pour Pâques. Ce que nous fîmes.
Le matin de Pâques nous
avions chacune un beau manteau avec un bonnet hollandais et une petite poche
avec rubans qui nous servait de sac à main. Nous avions bien hâte de nous rendre
à l’église pour se faire voir... bien humblement!
Un
beau dimanche, Otto, qui était concierge à l'école secondaire, demanda aux Clercs
Saint-Viateur, enseignants au secondaire, de bien vouloir lui prêter leur
chaloupe pour nous amener faire un tour sur la rivière. Ce qui se fit. Pour
nous c’était la fête. Cependant après environ une heure, il décida de remettre la
chaloupe à sa place et de reprendre son travail. Après son départ, nous, les
enfants, avons décidé de retourner nous promener en chaloupe. Nous étions au
moins quatre qui ne savaient ni nager, ni ramer. Je me souviens que nous étions
au milieu de la rivière et que nous ne savions pas comment rejoindre la rive.
Maman a dut s’inquiéter du non retour de ses poussins et entreprit des
recherches. Lorsque nous sommes arrivés à la maison, je n’ai pas besoin de vous
dire que nous n’avons pas été accueillis à bras ouverts. Quelle inquiétude pour
maman! Nous ne connaissions pas le danger.
Je ne
peux terminer sans mentionner les belles réunions de famille au cours des
années, que ce soit chez les parents, puis chez Berthe et Fernand d'abord, ensuite chez les frères et soeurs. Nous avons ensuite eu de grandes fêtes familiales à Wendover et à Plantagenet. Nous
avons dansé, chanté, pris un p’tit coup et nous nous sommes couchés très tard. Ah la jeunesse, que c’est beau!
Et ça, c’est pour la famille de Médard et de Julia mais il ne faut pas oublier les enfants qui continuent la tradition.
Quelle belle réunion chez Claire à Berthe, puis chez Linda à Thérèse et maintenant chez Roger à Paul-Émile.
Qui sera le prochain? J’ai déjà hâte car je serai là, promis.
Et ça, c’est pour la famille de Médard et de Julia mais il ne faut pas oublier les enfants qui continuent la tradition.
Quelle belle réunion chez Claire à Berthe, puis chez Linda à Thérèse et maintenant chez Roger à Paul-Émile.
Qui sera le prochain? J’ai déjà hâte car je serai là, promis.
Béatrice
Juillet
2014
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