jeudi 28 août 2014

TOMBÉE DEDANS quand j'étais petite!

Pendant toute mon enfance, la majorité des fins de semaine se passaient à Plantagenet, chez les grands-parents.  Parfois, on y allait le samedi et on couchait là, parfois on partait tout de suite après la messe du dimanche. En arrivant grand-maman nous couvrait de gros becs mouillés bien sonores, Grand-papa mettait sa main dans nos cheveux... et ensuite, on pouvait voir qui d'autre était là.  Parce que, les dimanches en tout cas, la petite maison était souvent pleine d'invités.  Quand on fait 16 enfants, on a d'la visite souvent! 
Il y avait ceux du Nord, les familles de Jean-Louis, Gérard, Marie et Guy.  Il y avait ceux qui étaient plus à l'est, au Québec:  Aline au Saguenay, Béatrice à Montréal et Gaston sur la rive sud de Québec et tous les autres éparpillés de Cornwall à Toronto.  Et bien sûr, notre gang disséminée sur les bords de la Rivière Outaouais
Ces dimanches sonnaient le ralliement des Bourdeau!

Pour nous, les cousins, cousines, le village de Plantagenet était un terrain de jeu idéal.
Guidés par Roger et Ginette à Paul-Émile, qui habitaient le village, on allait d'abord sur le vieux pont de fer pour évaluer le plan de match et évaluer la situation.  Ensuite, direction village, rivière pour la pêche au crapet-soleil ou les champ autour de la maison.  Il y avait toujours quelque chose à faire!
J'adorais aller chez Léger.  Madame Léger tenait le magasin de notre côté de la rivière.  On y vendait de tout:  de l'épicerie, des vêtements, des clous, des vis, des boutons, etc. Et au centre du magasin, il y avait des rangées et des rangées de biscuits dans de grandes boîtes.  On pouvait choisir exactement ceux qu'on voulait.  Le paradis!
Si on avait pas d'argent pour des biscuits, on pouvait toujours revenir à la petite maison de Pitch Off Road. 
Les grands y jouaient aux cartes sous l'oeil bienveillant de Marguerite d'Youville. ( Elle n'avait pas encore été nommée sainte,
 mais elle inspirait beaucoup de gens. 
 Tellement qu'on trouvait des calendriers dans
 lesquels on pouvait glisser des 10 sous pour les bonnes oeuvres des Soeurs de la Charité.
  Il y avait un de ces calendriers dans la maison de Julia et Médard.)  
 A l''époque , les jeux de carte étaient très populaires.  Et chez les Bourdeau, tout le monde jouait au 500.  Grand-maman prenait grand plaisir à ce jeu. Tout l'après-midi les équipes se succédaient autour de la table.  S'il y avait beaucoup de joueurs, on faisait deux tablées. Roméo prenait "huit sans atout" sans même regarder son jeu, ce qui avait pour effet de déclencher de grands éclats de rire de ses frères.  Grand-maman bougonnait un peu pour la forme, mais était contente d'être au milieu des siens.

Un peu après 3 heures, l'après-midi, nous faisions un pèlerinage... jusqu'à la fromagerie au bout de la rue.  La curd serait prête d'un moment à l'autre.  Nous attendions tous alignés sur le bord du comptoir, regardant à travers la vitre le brassage jusqu'à ce que les savoureuses crottes de fromages roulent sur la courroie.  S'il n'y avait pas trop de clients, nous avions parfois droit à un petit "échantillon" de fromage tout chaud faisant squish squish juste parfaitement.  De retour à la maison, les petits bols de curds étaient vite distribués.
Grand-maman avait le sien.  Elle aimait tellement ce fromage tiède qu'elle disait:" Quand on me déclarera morte, mettez-moi un p'tit bout de curd sur la langue.  Si je l'mange pas, c'est que je suis vraiment morte!"

J'ai souvent eu l'occasion de passer la semaine à Plantagenet pendant les grandes vacances.  C'est là que j'ai compris comment Grand-maman était aux fourneaux toute la semaine pour accueillir sa famille. Elle boulangeait, avait même un four à pain dans la cour arrière.  Je me rappelle qu'il fallait désherber le jardin pendant que le pain cuisait.  Puis Grand-maman appelait en nous disant de rapporter un concombre!  mmm! pain chaud, beurre et concombre frais cueilli!

Grand-papa, lui, avait une grosse talle de framboise dans le jardin.  Le bonheur!  facile à cueillir parce que juste à ma hauteur, il y en avait partout où on regardait! 
 Aujourd'hui,la framboise est toujours mon fruit favori... surtout en tarte!!!

Les tartes!  Il y en avait toujours plusieurs sortes: framboises, fraises et rhubarbe,citron, aux oeufs, aux raisins secs, au sucre, à la noix de coco, aux cerises, au bleuet... Son carnet en est plein ( voir l'article recettes sur le blogue) ... C'était si difficile de choisir qu'elle  nous en offrait toujours "un p'tit morceau de chaque".

Il y aura 40 ans bientôt que Julia est décédée, mais son souvenir est toujours bien présent.
Julia, cette femme qui est née avec le 20e siècle, s'est concentrée sur les gens qu'elle aimait et en a tiré une force immense.  Quel exemple pour nous tous!





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